S’il y a une question (autre que
politique) qui embarrasse et divise au plus haut point les nigériens, c’est
bien celle de la « maîtrise de la croissance de la population ». Le
problème était déjà posé depuis les années d’ajustement structurel, mais personne
ne savait véritablement par quel bon bout commencer. La peur viscérale de subir
une « fatwa » et faire l’objet de « prières collectives » a
cloué les becs de tous les « experts ». Entre temps, le taux de
croissance de la population du Niger lui ne faisait que croître. Il est passé
de 3.4% dans les années 90 à 3.9% aujourd’hui, le record mondial en la matière.
Quand au « Niger, notre beau pays », il a définitivement pris le
dossard 188, sur les 188 pays classés de la planète terre.
Y a-t-il un déterminisme rigoureux entre
natalité et pauvreté ? Si oui, quelle communication développer pour amener
les nigériens à adhérer à une « politique nataliste volontariste
» ?
La pauvreté et la mort au bout de nos
bites ?
Parlons à visage découvert ! Si
notre « beau Niger » est successivement classé dernier pays de la
planète depuis plusieurs années, c’est qu’il y a bien une raison objective en
cela. C’est parce que, tout simplement, il y a plus de « bouches à
nourrir » que de « plats disponibles » dans le pays. C’est ce « gap
symbolique » qui fait que dans notre pays, il y a toujours des gens, pour
ne pas dire des familles entières, qui passent la nuit sans manger. Ces
« ménages vulnérables » constituent en réalité plus de la moitié des
ménages nigériens, si on s’en tient au taux d’incidence de la pauvreté dans le
pays qui est de 62%.
Pour classer les pays, la Banque
Mondiale et le PNUD ne font pas autre chose que d’additionner les problèmes ou
les performances des chefs de ménages qui les composent. Et là-dessus,
nous disent toutes les statistiques, les ménages nigériens sont les plus
pauvres, pour une raison bien connue : ils sont tous nombreux avec peu de
ressources, dans un environnement austère ; ils n’envoient pas leurs
enfants en particulier les filles à l’école ; ils pratiquent le mariage
précoce ; les femmes ne font pas recours à la contraception ; …
autant de facteurs aggravant leur situation de pauvre. L’urgence aujourd’hui,
c’est de sauver les ménages nigériens de la pauvreté. Pour cela, le pays doit
équilibrer une équation à priori simple : Adapter le nombre de bouches à
nourrir à celui des plats disponibles…
L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF)
ou le taux de fécondité au Niger suffit à lui seul pour visualiser l’ampleur
des problèmes auxquels sont confrontés les ménages nigériens. Il est de (6.89
soit) 7 enfants par femme. Depuis plusieurs années, il reste le plus
« ahurissant » au monde. Tout est d’ailleurs résumé dans ce chiffre
« colossal ». A titre de comparaison, l’ISF est de 2.2 en Arabie
Saoudite, 2.08 en France, 1.87 aux USA, 1.6 en Chine. Notre pays
« produit » trois fois plus de bébés que les « pays amis »
vers lesquels il se tourne pour quémander régulièrement quand ses chefs de
ménages n’arrivent plus à les nourrir. Un gros paradoxe qui devrait sérieusement
inquiéter ces « fabricants de bébés » que nous sommes, d’autant qu’il
met à nu la redoutable dialectique qui existe entre « pauvreté de
masse » et « natalité non maîtrisée » dans notre pays.
Cette forte natalité, nous disent tous
les experts, est le tronc d’arbre qui barre la route au développement de notre
pays. Elle annihile et rend quasiment invisibles tous les efforts des
gouvernants dans les domaines de l’éducation et de la santé, notamment, où
des parts importantes du budget national sont englouties chaque année.
Elle augmente la pression de la population sur un environnement déjà
« maigre », ce qui contribue à l’accélération de sa dégradation et à
la récurrence des famines et disettes qui déciment régulièrement des pans
entiers de la population et du bétail. Ce qui, souvenez-vous, a inspiré lors de
la famine de 2006, le polémiste français Pascal Savran d’accuser les chefs de
ménages nigériens d’avoir « la mort au bout de leurs bites ». Des
propos qui ont fait grand scandale chez lui, vu leur caractère raciste mais qui
n’ont ému personne au Niger, tant la chose est évidente.
Ainsi donc, le chef de ménage nigérien
lambda, avec ses 2 femmes (puisqu’il est aussi polygame) et ses 14 enfants (ISF
x 2) est naturellement plus pauvre que le chef de ménage saoudien avec 1 femme
et deux enfants, plus que le français qui a la même charge et sans commune
mesure avec le chef de ménage américain ou chinois avec 1 femme et 1 enfant à
leur charge. S’il a 3 ou 4 femmes, sa situation et celle des membres de sa
famille devient encore plus précaire. Additionnez donc les problèmes de tous
ces chefs de ménages qui composent le pays, vous comprendrez aisément que le
« dossard 188 » est amplement mérité.
Quelle communication pour un changement
de natalité ?
Il est clair que, si le Niger veut
« émerger » ou même « renaître », il lui faut maîtriser la
croissance de sa population. C’est le chemin que la quasi-totalité des pays du
monde ont emprunté, certains pendant plusieurs décennies (Europe, Amérique),
d’autres récemment (Chine, pays arabes, certains pays africains), pour
construire un développement solide et durable.
Alors pourquoi au Niger les gens ne
veulent pas qu’on parle de « maîtrise de la population » ? Si
quelques journaux et médias osent en parler sans grande conviction, les
politiciens eux par contre sont extrêmement prudents là-dessus. C’est un sujet
autour duquel l’adversaire politique peut manœuvrer et diriger la colère de la
population contre vous. Hama Amadou, Premier Ministre sous la 5ème république en
sait quelque chose, lui qui a été violemment pris à parti à l’Assemblée
Nationale, par un certain … Sanoussi Jakou, député de l’opposition à l’époque
et économiste de son état. Aujourd’hui que « la roue » a tourné, sans
doute que son point de vue a évolué sur la question.
Si le sujet est difficile à traiter au
Niger, c’est à cause de ses implications sexuelles et rien d’autre. Les
gens confondent vaguement « maîtrise de la population » et
« embargo sur leur libido ». Ils ne perçoivent pas encore comment peut-on
« maîtriser la population » sans pour autant toucher à leur
souveraineté sexuelle. Il faudra pourtant trouver le moyen d’expliquer aux
nigériens qu’il ne s’agit pas de limitation à leur sexualité. Ils peuvent même
continuer à épouser 2, 3 ou 4 femmes à condition qu’elles aient plus de 18
ans et que ces femmes devront tout simplement utiliser les méthodes
contraceptives. Il s’agira aussi de leur faire comprendre qu’aucun chef de
famille n’a le droit de compliquer la vie de son pays en faisant plus d’enfants
qu’il n’a la capacité de prendre en charge.
Pour cela, un débat sincère doit d’abord
être engagé à l’Assemblée Nationale et nulle part ailleurs. Les députés
nationaux doivent avoir le courage d’éclairer les chefs de ménages qui les ont
élus sur tous les tenants et aboutissants de cette question. Le sujet est sans
doute plus facile à poser sur la table aujourd’hui au vu de l’évolution des
mentalités et la profusion d’exemples positifs. L’Emir de Kano au Nigéria a
récemment interdit le mariage des filles de moins de 18 ans. Une délégation
d’oulémas nigériens est revenue toute édifiée d’un voyage d’étude sur la
question en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. C’est en effet
avec les autorités traditionnelles et religieuses qu’il faudrait mener la
communication sur ce sujet.
La Renaissance culturelle doit passer
par là.
Elh Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle
Marad
j'ai beaucoup apprécié votre article et je suis sur qu'on aurai pri une grande avance sur les autres pays si beaucoup de personne dans notre pays partageaient le meme avis que vous et qu'ils agissaient.
RépondreSupprimerce passage: <> j'aurai voulu a ce que vous n'utilisiez pas le qualificatif"certain...sanoussi jakou", juste par expérience que je dis ça ,pensez pas que je suis politicien...hihi
j'aimerai aussi ajouter parmi les causes "la multiplication des enfants", les gens ,certains parent trouvent ça comme une notoriété et les femmes voient ca comme une concurrence,une mentalité qu'il est grand temps de changer vraiment!!!
Le thème de cet article est vraiment un thème d'actualité. Le constat est vrai qu'au Niger l'explosion démographique constitue un contrepoids voire un frein au Développement ( Développement Durable). Alors pour agir sur cette problematique. Il faut une bonne Communication et une Sensibilisation accrue pour un Changement de mentalité voire de Comportement
RépondreSupprimerUn bref résumé du problème, ses causes et surtout ses tenants et aboutissants.bien que le langage est très osé dans pays où parler du sexe est tabou. Tres belle réflexion. Une formation de nos leader religieux et politique est vraiment nécessaire.
RépondreSupprimerQuels sont moyens qu'ils faut mettre en place pour explique a la population qu'il ne s'agit pas d'une politique de limitation ? Si oui y'a t'il des campagnes des sensibilisation mise en place pour cette Population?
RépondreSupprimerLe Niger hypocrite s'appui malheureusement sur la religion pour justifier son désir ardent de faire beaucoup d'enfants,ou s'adonner à la polygamie or nullement cette dernière n'a jamais dit de faire d'enfants que tu ne peux éduquer ou encore même nourrir.combien sont ils les peres de familles qui ignorent si leurs enfants ont manger ou sont partis à l'école? ils sont bons à produire les enfants et à laisser leurs éducation à la rue? quitte à devenir délinquants.il faut une large sensibilisation a l'endroit des leaders religieux,les peres de familles et même à ces mamans qui dans la plupart du temps sont les véritables peres et mère de famille à la fois parce que les hommes ont fuit leurs responsabilités.il faudrait un accord mutuel entre couple au préalable pour décider ensemble de la planification familiale Pour que chaque enfant ai la chance de grandir dans un cadre familial agréable
RépondreSupprimer"Après les trois interruptions brutales de 1996, 1999 et de 2009(période du tazartché) et 2010, il est impérieux que nous prenions une pause salvatrice pour goûter aux plaisirs de la paix et de la quiétude sociale pour que les nigériens, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, se remettent au travail, chacun dans le domaine qui est le sien, pour la construction de l’édifice social si malmené par ces instabilités si préjudiciables à la reconstruction de l’économie nationale. Tout nous interpelle, et chaque nigérien est comptable de l’indicible déshonneur qui nous accablé"
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RépondreSupprimerEn premier chef les partis politique
c est une bonne chose car il faut bien combattre l inalphabetisation au niveaux du pays,envoyé les jeunes fille a l ecole eviter le mariage precose,maitriser la croissance de la population parsque la fecondité a nos jours augment et ont manque de revenu,d ou la sensibilisation et necessaire pour un payes sous developpe,tout en diminuant la mortalité en bref arriver a nourrire la bouche par rapport au plats disponible.
RépondreSupprimerc'est vraiment des réalités que les gens voient mais n'en parlent pas clairement. Et les gens avancent toujours l'argument "c'est Dieu qui nourrit". D'accord Dieu nourrit, mais Dieu dit aussi de se lever pour qu'il vous aide. et de la façon dont les choses se déroulent dans ce pays, je me demande si les gens sont près à changer! personnellement je ne dirais à personne de ne pas avoir le nombre d'enfants qu'elle veut avoir, mais je lui dirai qu'elle a le DEVOIR de subvenir à tous les besoin de ses enfants: santé, éducation, bien être,.... avec ça peut être on verra de moins en moins des enfants mal vêtus, sals, affamé, non scolarisés dans les rues!
RépondreSupprimerNotre pays est en effet le dernier mais cela n'est pas à dire qu'on va baiser il n'est jamais trop tard,de ce fait il est temps pour nous de prendre en compte certains programmes comme le PLS pour un Niger autrement et pour la bonne visibilité de notre bon pays enfin que les autres régions voient qu'on peut changer et que nous soyons fière de nous.
RépondreSupprimerTout en mettant l'accent sur certaines questions importantes qui sont en actualité.
moi a mon humble avis l'accent doit etre mis sur la sensibilisation sur le planning familial au niveau des menages
RépondreSupprimerles hommes autant que les femmes doivent prendre conscience du danger
je suis d'accord q'uil faut sensibiliser les menages, mais dans la réalité les sensibilisations visent plus les femmes. or la planification familiale ce n'est pas seulement une affaire de femme, c'est aussi une affaire des hommes, donc du couple. il faut promouvoir la sensibilisation des hommes en milieu urbain et rural
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