samedi 5 novembre 2016

Contribution des ressources naturelles à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales

LA PRATIQUE APICOLE A MOLI HAOUSSA


Photo : vente de miel sur un marché rural d’Alambaré(Photo ECOPAS). 
Le miel est conditionné dans des bouteilles et dans des récipients en fer émaillé

La question de la gestion rationnelle de la biodiversité est de nos jours une préoccupation quant à la conservation durable des écosystèmes. C’est pour répondre à cet esprit que le Niger a signé en 1992 la convention relative à la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité qui vise à assurer des mesures nationales efficaces afin de restreindre la destruction des espèces biologiques, des habitats et les écosystèmes. Malgré des avancées significatives, aujourd’hui encore de nombreuses contraintes pèsent sur le maintien des fonctions des écosystèmes et par conséquent leur capacité à pourvoir les populations en produits et services vitaux. Or l’importance de la biodiversité est capitale en ce sens qu’elle est génératrice de nourriture, d’habitat, de médecine et de revenus.
L’apiculture est l’une des activités génératrices de revenus pratiquées par les habitants de Moli Haoussa ; petit village situé dans la zone périphérique du Parc « W ». Ce village a une tradition apicole très ancienne ; l’apiculture est de type fixiste à base de ruches en paille et en tronc évidé à double entrée et de forme cylindrique. C’est une activité qui se déroule pendant la saison sèche, période creuse du calendrier agricole du paysan ; d’où son caractère complémentaire et non concurrent à l’égard de l’activité agricole.
La flore joue un double rôle dans l’apiculture, à la fois comme source de nourriture des abeilles et de support aux ruches, principalement traditionnelles. La proximité du terroir de Moli Haoussa, pratiquement contiguë à la réserve de biosphère du W, explique l’abondance des espèces mellifères, très bien connues de tous les apiculteurs. Cependant ils affichent une préférence marquée pour certaines espèces qui, de leur point de vue, possèdent une valeur apicole particulière ; il s’agit essentiellement du kapokier, du Combretum glutinosum, du Combretum nigricans, du Combretum caulinium, du Ficus gnaphalocarpa, et du Lannea fruticosa ou Résinier pour le goût très apprécié du miel obtenu, sans compter que la production est abondante. En réalité cet intérêt tient surtout à la dominance des combrétacées dans la flore de la région; en outre leur floraison intervient en saison de pluie, lorsque l’eau est disponible en abondance pour les abeilles. Tous les arbres peuvent servir de supports aux ruches à l’exception d’Azadirachta indica et Kaya senegalensis, évités en raison du mauvais goût du miel résultant du butinage de leurs fleurs.
La présence d’une boutique coopérative au village permet à beaucoup d’apiculteurs de vendre leurs produits sur place. En effet les apiculteurs de Moli Haoussa sont organisés en groupement connu sous le nom de « Groupement Sériba ». Il a eu son agrément par Arrêté n° 880 du 22 Avril 2004 de la sous préfecture de Say. Initialement elle comprenait 10 apiculteurs, mais aujourd’hui le groupement compte une trentaine d’adhérents. Elle est dirigée par un bureau composé d’un président, d’un vice président, d’un trésorier, d’un secrétaire et de deux commissaires au compte. L’installation de la coopérative répond à deux soucis majeurs : l’augmentation de la production et l’amélioration du circuit de commercialisation afin d’accroître substantiellement le revenu que l’activité génère.

Les revenus annuels issus de cette activité oscillent entre 30 000 F et 80 000 F pour les petits producteurs et entre 150 000 et 300 000 F pour les grands producteurs. Ces chiffres restent sans aucun doute sous estimés. Cependant, compte tenu des difficultés à obtenir les revenus réels, ces chiffres doivent être maniés avec précaution et être considérés comme des ordres de grandeur. Quoi qu’il en soit les revenus issus de la vente de miel permettent d’assurer l’équilibre alimentaire des ménages surtout que la grande productivité coïncide avec la période de soudure pendant laquelle les disponibilités céréalières sont généralement faibles voire nulles. Le miel permet par ailleurs de parer aux dépenses urgentes, mieux il offre aux apiculteurs l’opportunité d’épargner dans l’achat des animaux.


LA FILIERE BEURRE DE KARITE A BOUMBA 
Photo : séance collective d’extraction de beurre de karité à Boumba (Photo ECOPAS).
L’extraction du beurre est l’une des activités génératrices de revenus pratiquée par les femmes de Boumba, village situé dans la zone périphérique du Parc du « W ». Ce village à une tradition d’extraction de beurre très ancienne si bien qu aujourd’hui à Boumba et les villages environnants, quelques mille femmes produisent, à des degrés divers, du beurre de Karité. Elles sont organisées en trois groupements à Boumba, Djabou et Gonguey pour former une union. Cependant l’extraction se fait selon des méthodes traditionnelles malgré l’introduction de matériel technique moderne à savoir le moulin. L’activité s’étale sur toute l’année selon la disponibilité des amendes. La cueillette de cette matière première se fait uniquement pendant l’hivernage, période de mûrissement des fruits.
Autour du beurre de karité, s’est constituée une filière de commercialisation. Celle-ci commence à avoir une extension géographique assez importante qui dépasse largement le cadre local et qui ouvre de nouvelles perspectives et des opportunités pour les productrices de Boumba. Jusqu’à une date récente, les productrices acheminaient leurs marchandises en direction des marchés locaux et des petits marchés environnants. L’écoulement du beurre est également possible à travers les touristes qui visitent les sites de Boumba. Mais l’intervention du programme PROKARITE a permis aux femmes d’investir le marché très prometteur de Niamey ou l’utilisation cosmétique du beurre est devenue une mode.
Faute d’une structure adéquate, pendant longtemps, les productrices étaient pratiquement livrées à elles mêmes, chacune produisant et vendant à faible revenu. Mais progressivement les femmes ont senti la nécessité de s’organiser pour mieux valoriser la ressource karité, très abondante dans la zone. En outre elles ont compris que toute forme d’appui extérieur de bailleurs de fonds intervenant dans la région était assujettie à une structuration des productrices. C’était la seule voie susceptible de leur permettre d’améliorer leurs revenus. C’est ainsi que les programmes ECOPAS et PROKARITE se sont mis d’accord pour appuyer et organiser ces femmes en groupement. Les objectifs visés par le groupement mis en place concernent : - L’amélioration de la production - La valorisation de la ressource - La protection et la régénération de la ressource - L’amélioration des revenus des femmes - L’appui à la commercialisation. Aujourd’hui ces groupements mis en place se sont organisés en union pour mieux coordonner les actions.
Les revenus annuels issus de cette activité varient entre 30 000 à 35 000 F pour les petites productrices et de 50 000 à 60 000 F pour les grandes productrices. Ces revenus participent largement à équilibrer le budget des femmes, mieux, elles capitalisent dans l’achat des animaux, ce qui leur donne une certaine indépendance économique. Comme on peut le constater cette appréciation ne prend pas en compte l’effort physique que l’extraction de beurre nécessite.
L’un des principaux atouts de la filière est sans aucun doute la généralisation des techniques d’extraction du beurre, qui, il faut le souligner, reste une activité traditionnelle dans la zone. En outre, malgré les menaces, le peuplement de karité est encore assez abondant, faisant de la zone de Boumba un centre d’excellence dans la production du beurre de karité. Non seulement le beurre produit est de bonne qualité, mais aussi le conditionnement semble être adéquat car conservé dans des pots en plastique. L’extraction du beurre de karité connaît un engouement certains et on a remarqué que même les jeunes filles s’y intéressent, et en fin de compte c’est là que réside l’espoir pour l’amélioration significative de la filière et la gestion des ressources Naturelles.

Mariama Waziri

1 commentaire:

  1. De nos jours les petites entreprise ont besoin des méthodes et des techniques moderne pour pouvoir produire en quantité et en qualité d'une manière constante et d'incité notre population a consommer le locale pour permettre la continuité de la production.

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